25‏/07‏/2015

Voix Vives de Méditerrannée en Méditerrannée














 AD : Ton dernier recueil s’intitule « Le Poème des ruines ». Mais de quelle ruines s’agit-il vraiment ? On dirait que plusieurs types de ruines se superposent.

Mohammed Abu-Zaïd : J’ai écrit ce « Poème des ruines » environs 6 mois avant la révolution égyptienne de 2011. L’Egypte est devenue une ruine à cause de la corruption politique, sociale et culturelle. On a tenté de voler les richesses et l’héritage de ce pays, alors la vie devenait de plus en plus sombre, toutes les portes semblaient fermées. Dans ce genre de contexte, écrire de la poésie devient un luxe. Tout est déformé, il y a une sorte de distorsion entre cette « posture » d’écriture et la réalité tout autour, c’est assez effrayant. La vie est douce alors qu’elle fait tant de ravages ailleurs. Le poème était donc une tentative pour entrer dans cette ruine, pour engager un dialogue avec, et la miner de l’intérieur. Par ailleurs, le poème se déplace sans cesse du domaine privé au domaine public.

Certains critiques ont dit que ce poème était comme une « prophétie », qu’il annonçait la révolution, parce que ce texte évoque bien l’idée de révolte. Mais je ne voulais pas cela, je me méfiais du piège de l’idéologie. « Le poème des ruines » qui n’est qu’une partie du livre éponyme paru chez Al Manar cette année, (qui appartient initialement au recueil « Madhamtan » publié après la révolution égyptienne) est le seul poème vraiment écrit à propos de la « révolution ». Sinon, je pensais « ruine » dans un sens plus large. En écrivant ces poèmes, j’avais aussi en tête le poème de TS Eliot « The Waste Land ».


AD : Tu dis que le poème concerne à la fois le registre privé et le registre public. J’avais bien compris que cela pouvait avoir un lien avec les ruines du pays, ruines annoncées avant les ruines, mais j’ai parfois l’impression que ce sont d’autres ruines, plus personnelles, qui répondent à ces ruines, que tu dévoiles avec pudeur.

MAZ : Pour ce qui concerne le sujet politique, depuis que je suis né, et jusqu’à mes 30 ans, il n’y avait qu’une seule tête en Egypte, celle d’Hosni Moubarak, qui accumulait l’argent jour après jour, et préparait les ruines – il y a donc ça dans les poèmes. Mais je pense que c’est un grand trésor, pour moi, d’écrire aussi avec une forme de nostalgie, sur les ruines de l’enfance, avec peut-être le désir de revenir à l’innocence et de lutter contre tout ce qui a entaché la ville, la politique. C’est particulièrement évident, me semble-t-il, dans le poème « J’ai peur, Alice » : « Je pose ma main sur mon front en visière / Et observe de haut la vie qui a abandonné ma main / Et s’est éloignée en courant / Je cherche un gamin qui marchait ici devant moi / avant de disparaître. » (Le poème des ruines, p.25)

Ces poèmes sont aussi une tentative de comprendre. Écrire, pour moi, c’est essayer de résister. De retourner, par cette résistance, à ce qui était bon pendant l’enfance. L’écriture est un jeu très grave. Et revenir au jeu de la « petite écriture » est également une tentative de construire, pour essayer d’inspirer un monde meilleur que celui que nous avons sous les yeux, aujourd’hui.


AD : Tu écris de la poésie, mais tu es aussi romancier. Dans un poème, tu notes : «  L’année dernière j’étais romancier / J’étais content comme un pingouin / Qui a pris tôt son petit déjeuner / […] A présent, je suis poète / Et le poète est triste par nature ». Ce sont vraiment deux approches différentes pour toi ?

MAZ : Je crois à l’écriture dans sa forme générale. Je crois que l’art est dans tout. Le monde transcende et abolit les divisions des genres et du temps. Mais, en tant que poète, j’ai appris beaucoup en écrivant des romans, ça a nourri et aidé les projets en cours. Je pense que mes poèmes deviennent plus simples et plus accessibles au lecteur. Ils sont de plus en plus débarrassés du poids de la rhétorique. La différence entre la poésie et le roman est également devenue plus ténue. Mes poèmes sont assez narratifs. Il y a des gens qui étaient présent dans les romans qui passent aussi dans les poèmes, et de même pour certains événements. On dit la même chose différemment, avec beaucoup moins de mots dans les poèmes. Mais je ne peux pas dire que l’écriture de romans soit plus facile que l’écriture de poèmes. Je ne veux pas sous-estimer la valeur du roman. Je pense simplement, mais ce n’est que mon avis, que le poète est plus soucieux que le romancier. Il est peut-être davantage occupé par des questions philosophiques ou existentielles. On pourrait dire que le poète pose des questions. Et peut-être que le romancier propose des réponses. Des réponses qui soulèvent parfois des questions plus tristes encore. Il y a toujours le bonheur et la tristesse causés par la connaissance, dans le même mouvement.


AD : En ce moment, travailles-tu sur quelque chose de spécial ? Et comment cela se passe-t-il quand tu écris de la poésie ? Est-ce que c’est plutôt spontané, ou bien un travail long ?

MAZ : J’ai écrit un roman il y a un an. Il n’est pas encore terminé. Pour les poèmes, un livre vient d’être publié, il y a trois mois. Son titre est « Introduction à l’absentéisme ». J’écris tout en travaillant à Abu Dhabi, où je travaille maintenant en tant que journaliste. Je n’ai rien commencé de neuf pour le moment, même si j’ai quelques idées. Habituellement, je cesse d’écrire après la parution de chaque livre, je suis vide. L’écriture est une justification de ma vie. Je veux dire la justification de la poursuite de ma vie. Parfois, je suis prêt à exploser. Écrire me sauve de la mort. Dans le poème « ruine » j’ai écrit : « La poésie dégouline de mes yeux comme des larmes / Mon dernier poème ressemble à une tombe / remplie de cadavres / De ruines / De ruines ». Les poèmes montrent des détails de ma vie quotidienne. Je voudrais que les gens soient plus dans leur vie. Je ne sais pas si je peux changer la vie de quelqu’un avec des poèmes. Mais je peux commencer par changer la mienne. Seulement par le poème. Ça peut commencer comme ça.

Pour répondre à ta dernière question, la rédaction des poèmes est plutôt spontanée. Je ne peux pas, délibérément, choisir d’écrire un poème. J’attends le poème comme un étranger en attente du dernier train dans la ville qu’il ne connaît pas.

(c) Sabine Normand
tessons


19‏/03‏/2015

محمد أبو زيد.. اللاأحد في صرخة المغادرة

عبد الله السفر
في علم النفس الوجودي، ثمة مفهوم عن "انحلال حدود الذات" بمعنى الشك في الوجود الشخصي والتعيّن في العالم على نحوٍ محدّد ماثل يمتلك المعنى والجدوى والعلاقة مع مفردات هذا العالم بكيفيّة إنسانية تزهر في الاتصال وتخلع طابعاً قارّاً من الانسجام والمساحة المشتركة. بهذه الخلفية يمكن لنا قراءة الشاعر محمد أبو زيد في إصداره الأخير "مقدمة في الغياب" (دار شرقيات، القاهرة - ٢٠١٤) الذي يتبدّى نصّاً واحداً وإن جاء في أربعة أقسام وفي عشرات النصوص بوصفها زوايا ومنظورات تحفر في الاتجاه نفسه بملمح تكراري تراكمي - لا يتخلّى عن صبغته الجماليّة - يشي بالمأزق الوجودي الذي ينخرُ في بناء الذات ويصدّعُها إلى أشطارٍ لا تلتئم؛ محض نثارٍ يأتي متخفّفاً عن العالم ومنزاحاً عنه إلى هاويته التي لا يبصر غيرها؛ تطلبه ويسعى إليها.
الانسحاب من الحياة والانسلاخ من صورة لا تدلّ عليه ولا تعبّر عنه. ما يراه الآخرون ليس هو ولا تلك الصفحة المشرقة. كائن خرِب بغطاء برّاق صنعتْهُ عينٌ خارجيّة لا تخصّهُ ويبرأ منها، وقد آنَ له أن يخرج من حفلة الضجيج وأن يرمي بالقشرة الملتمعةِ بزيفِها. خلخلةُ الجسد وانفراطُ معناه. جسدٌ لا يصلح للحياة ولا تصحُّ معه معاشرة وأحرى به الانصراف عن المشهد: "لو دقّقتم أكثر/ لشاهدتم مستعمرةَ الجذام فوق وجنتيّ/ قلبي الذي يعجبكم تفانيه في حبّكم/ اشتريته من بائعٍ متجوّل/ يدي التي تصافحكم بحرارة/ انظروا../ إنها من البلاستيك/ وجدتُها في القمامة/ أصابعي التي تلوّح لكم/ قضبان زنزانة/ وضحكتي التي تجامل نكاتكم التافهة/ شريط كاسيت مسجّل).
الجسد هو ما يثقل على الذات ويجعلها منسحقةً تحته. الحضور البائس الفارغ يلطّخُهُ الحزن وتفدحُ به الغربة؛ مهمازٌ مسنون ينخسُ ويحثُّ على التعجّل بتفكيك هذا الجسد وجعله أشلاء تذهب في الأرض ويستحيل تجميعها بما يعني تشييد الغياب على قنطرة الجسد؛ الامّحاء الكامل الخالص؛ التذرير الذي يوجب النهاية، ويحلّ العبء الذي يعمل مثل مطرقةٍ تثبّتُ الذات إلى جدار عذابها وشاهدها الناغل بالذكريات تلك المطحنة التي تقول كم هو غريبٌ وتالف. لا يسندُهُ ماضٍ ولا يهشّ له مستقبل. وجودٌ غَفْلٌ يحدُّهُ الجسد ويتقفّصُ عليه؛ ينتظر صيحة الخروج وفكّ الأسْر. يتحيّن الضربةَ الماكرة المشتهاة وهي تنزل تشطره وتلاشيه وتعلن غيابه؛ معافاته من عالم الاضطرار والقيد؛ عالم الصور الثابتة المتكررة التي هي في المحصلة "لا شيء" ومن العبث الانجرار إلى دائرة إنتاجها. فليبطلْ هذا الجسد ولينلْ الضربة: "بعد خمس دقائق سأتشقّق. لن أنتبه وأنا أسير إلى السيف الذي يقسمني نصفين مثل تفاحة، لن ينتبه أحد إلى نصف جسدي الذي ركب القطار وغادر، ونصفي الآخر الذي لا يزال ينتظر في محطة الباص./ .../ عيني سأتركها تبكي هذه المرّة كما كانت تريد، تنزف ما تبقّى مني، قد أمنحها لطفلٍ يريد أن يكمل مجموعته من البِلي، أو أسند بها كوكباً كاد أن يتهاوى. عيني الأخرى سيقول الباعة أنها مستعملة ولا تصلح إلا طعاماً للسناجب./ قدمي اليمنى ستسير إلى ما لا نهاية علّها تعود بالحقيقة الغامضة، أمّا اليسرى سأتركها لبائعٍ يريد أن يسند بها مظلة خضرواته الكسيحة".
مخلوقُ التعاسة؛ ربيبُ الكوابيس؛ الدائخُ المعلّق في مروحة الندم.. يتخلّصُ من إهابه ويفرُغُ من حياته؛ الشبهة التي أفسدت ما فات وتتربّصُ بما يلي. ينهضُ معانقاً هباءَهُ حاتّاً أثرَهُ وكلَّ متعلقاتٍ تشير إليه. هو الذي بلا وجود. اللاأحد متجسداً في صرخة المغادرة؛ نافراً من اللاشيئية؛ نافذاً وذائباً في العدم: "أرفعُ صوتي/ وسطَ ملايين الآذان/ وأطلقُ صرخة../ صرخةً واحدةً طويلة../ لا تنتهي// أنا../ لا أحد".
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*نشر في صحيفة الوطن السعودية